« Devant des rois je parlerai de tes exigences, et je n'aurai pas honte. »  Psaume 119, 46.

 

Première Partie:
Articles fondamentaux de la foi et de doctrine

PREMIERE PARTIE CONFESSION D'AUGSBOURG

Nos églises enseignent en parfaite unanimité la doctrine proclamée par le Concile de Nicée : à savoir qu'il y a un seul Être divin, qui est appelé et qui est réellement Dieu. Pourtant, il y a en lui trois Personnes, également puissantes et éternelles : Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu le Saint-Esprit ; tous les trois un seul Être divin, éternel, indivisible, infini, tout-puissant, infiniment sage et bon, créateur et conservateur de toutes choses visibles et invisibles. Par le terme de Personne, nous ne désignons pas une partie ni une qualité inhérente à un être, mais ce qui subsiste par lui-même. C'est ainsi que les Pères de l'Église ont entendu ce terme.

Nous rejetons donc toutes les hérésies contraires à cet article : nous condamnons les Manichéens qui ont statué deux dieux, un bon et un mauvais, les Valentiniens, les Ariens, les Eunomiens, les Mahométans et autres. Nous condamnons aussi les Samosaténiens, anciens et modernes, qui n'admettent qu'une seule Personne, et qui, en usant de sophismes impies et subtils, prétendent que le Verbe et le Saint-Esprit ne sont pas des personnes distinctes, mais que le « Verbe » signifie une parole ou une voix, et que le « Saint-Esprit » ne serait autre chose qu'un mouvement produit dans les créatures.

Nous enseignons que par suite de la chute d'Adam, tous les hommes nés de manière naturelle sont conçus et nés dans le péché ; ce qui veut dire que, dès le sein de leur mère, ils sont pleins de convoitises mauvaises et de penchants pervers. Il ne peut y avoir en eux, par nature, ni crainte de Dieu ni confiance en lui. Ce péché héréditaire et cette corruption innée et contagieuse est un péché réel, qui assujettit à la damnation et à la colère éternelle de Dieu tous ceux qui ne sont pas régénérés par le Baptême et par le Saint-Esprit.

Par conséquent, nous rejetons les Pélagiens et autres qui, au mépris de la passion et du mérite de Christ, rendent bonne la nature humaine par ses forces naturelles, en soutenant que le péché originel n'est pas un péché.

Nous enseignons aussi que Dieu le Fils est devenu homme, né de la pure Vierge Marie, et que les deux natures, la divine et l'humaine, unies inséparablement dans une personne unique, constituent un seul Christ, qui est vrai Dieu et vrai homme. Il est véritablement né, il a réellement souffert, il a été crucifié, il est mort, il a été enseveli, afin qu'il s'offrît en sacrifice, non seulement pour le péché originel, mais aussi pour tous les autres péchés, afin d'apaiser la juste colère de Dieu.

Le même Christ est descendu aux enfers ; il est réellement ressuscité le troisième jour, monté au ciel, assis à la droite de Dieu, afin qu'il étende son règne et sa domination éternels sur toutes les créatures, qu'il sanctifie, purifie, affermisse et console par le Saint-Esprit tous ceux qui croient en lui, et afin qu'il leur donne en partage la vie et toutes sortes de dons, et qu'il les protège contre le diable et le péché.

Ce même Seigneur Jésus-Christ reviendra enfin visiblement, pour juger les vivants et les morts, etc., - selon le Symbole des Apôtres.

Nous enseignons aussi que nous ne pouvons pas obtenir la rémission des péchés et la Justice devant Dieu par notre propre mérite, par nos œuvres ou par nos satisfactions, mais que nous obtenons la rémission des péchés et que nous sommes justifiés devant Dieu par pure grâce, à cause de Jésus-Christ et par la foi, - lorsque nous croyons que Christ a souffert pour nous, et que, grâce à lui, le pardon des péchés, la Justice et la vie éternelle nous sont accordés. Car Dieu veut que cette foi nous tienne lieu de justice devant lui, il veut nous l'imputer à justice, comme l'explique saint Paul aux chapitres 3 et 4 de l'Epître aux Romains.

Pour qu'on obtienne cette foi, Dieu a institué le Ministère de la Parole et nous a donné l'Evangile et les Sacrements. Par ces moyens il nous donne le Saint-Esprit, qui produit la foi, où et quand il le veut, dans ceux qui entendent l'Evangile. Cet Evangile enseigne que nous avons, par la foi, un Dieu plein de grâce, et cela non point à cause de nos mérites, mais pour le mérite de Christ.

Nous condamnons donc les Anabaptistes et autres sectes semblables, qui enseignent que nous pouvons obtenir le Saint-Esprit sans l'instrumentalité de la Parole extérieure de l'Evangile, mais par nos propres efforts, par nos méditations et par nos œuvres.

Nous enseignons aussi que cette foi doit produire des fruits et des bonnes œuvres, et qu'il faut que l'on fasse, pour l'amour de Dieu, toutes sortes de bonnes œuvres que Dieu lui-même a commandées. Mais il faut se garder de mettre sa confiance dans ces œuvres et de vouloir mériter par elles la grâce de Dieu. Car c'est par la foi en Christ que nous obtenons la rémission des péchés et la justice, comme le dit Jésus-Christ lui-même, Luc 17, 10 : « Quand vous aurez fait toutes les choses qui vous sont commandées, dites : nous sommes des serviteurs inutiles ». Voilà ce qu'enseignent aussi les Pères. Saint Ambroise déclare : « II est ordonné de Dieu que celui qui croit en Christ sera sauvé, non point par les œuvres, mais par la foi seule, recevant ainsi la rémission des péchés gratuitement et sans mérite ».

Nous enseignons aussi qu'il n'y a qu'une Sainte Eglise chrétienne et qu'elle subsistera éternellement. Elle est l'Assemblée de tous les croyants parmi lesquels l'Evangile est enseigné en pureté et où les Saints Sacrements sont administrés conformément à l'Evangile.

Car pour qu'il y ait unité véritable de l'Eglise chrétienne, il suffit que tous soient d'accord dans l'enseignement de la doctrine correcte de l'Evangile et dans l'administration des sacrements en conformité avec la Parole divine. Mais pour l'unité véritable de l'Eglise chrétienne il n'est pas indispensable qu'on observe partout les mêmes rites et cérémonies qui sont d'institution humaine. C'est ce que déclare saint Paul, Eph. 4, 5-6 : « Un seul corps et un seul esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance par votre vocation ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ».

L'Eglise chrétienne, à proprement parler, n'est pas autre chose que l'Assemblée de tous les saints et croyants. Cependant, dans ce monde, beaucoup de faux chrétiens et d'hypocrites, et même des pécheurs manifestes sont mêlés aux fidèles ; néanmoins les sacrements sont efficaces, même s'ils sont administrés par des prêtres impies, - comme Christ lui-même a dit, Matth. 23, 2 : « Les Scribes et les Pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse, etc... ». Nous condamnons donc les Donatistes, et tous ceux qui enseignent autrement.

Nous enseignons que le baptême est nécessaire au salut, et que par le Baptême la grâce divine nous est offerte. Nous enseignons aussi qu'on doit baptiser les enfants, et que, par ce Baptême, ils sont offerts à Dieu et lui deviennent agréables.

C'est pourquoi nous condamnons les Anabaptistes, qui rejettent le Baptême des enfants.

Quant à la Sainte Cène du Seigneur, nous enseignons que le vrai corps et le vrai sang de Christ sont réellement présents, distribués et reçus dans la Cène, sous les espèces du pain et du vin. Nous rejetons donc la doctrine contraire.

Au sujet de la Confession, nous enseignons qu'on doit maintenir l'Absolution privée dans l'Eglise et ne pas la et les autres lois en vigueur, punir les maiiancuis laisser tomber en désuétude. Toutefois, dans la Confession, l'énumération de tous les délits n'est pas nécessaire, puisque, en réalité, elle est impossible, comme le déclare le Psaume 19, 13 : « Qui connaît ses égarements ? ».

En ce qui concerne la Repentance, nous enseignons que ceux qui ont péché après le Baptême peuvent obtenir la rémission des péchés toutes les fois qu'ils s'en repentent, et que l'Eglise ne doit pas leur refuser l'Absolution. La vraie repentance comprend, en premier lieu, la contrition, c'est-à-dire la douleur et la terreur qu'on ressent à cause du péché ; en second lieu, la foi en l'Evangile et en l'Absolution, c'est-à-dire la certitude que les péchés nous sont remis et que la grâce nous est méritée par Jésus-Christ. C'est cette foi qui console les cœurs et qui rend la paix aux consciences. Après cela, on doit amender sa vie et renoncer au péché. Car tels doivent être les fruits de la Repentance, comme le dit Jean-Baptiste, Matth. 3, 8 : « Faites les fruits dignes de la 'repentance ».

Nous rejetons donc ceux qui enseignent qu'une fois converti, on ne peut plus retomber dans le péché. D'autre part, nous condamnons aussi les Novatiens, qui refusaient l'absolution à ceux qui avaient péché après le Baptême.

Enfin, nous rejetons ceux qui enseignent qu'on obtient la rémission des péchés, non par la foi, mais par nos satisfactions.

En ce qui concerne l'emploi des Sacrements, nous enseignons que les Sacrements n'ont pas été institués seulement pour être des signes visibles auxquels on reconnaît les chrétiens, mais aussi des signes et des témoignages de la bonne volonté de Dieu envers nous, institués pour réveiller et affermir notre foi. C'est pourquoi ils exigent la foi, et ne sont employés correctement que si on les reçoit avec foi et si on s'en sert pour consolider la foi.

Quant au gouvernement de l'Eglise, nous enseignons que nul ne doit enseigner ou prêcher publiquement dans l'Eglise, ni administrer les Sacrements, à moins qu'il n'ait reçu une vocation régulière.

Quant aux rites ecclésiastiques établis par des hommes, nous enseignons qu'on doit observer ceux qu'on peut observer sans péché et qui contribuent à la paix et au bon ordre dans l'Eglise, comme par exemple certaines fêtes et autres solennités. Cependant nous précisons toujours qu'on ne doit pas en charger les consciences, comme si ces sortes de cultes étaient nécessaires au salut. Bien plus, nous enseignons que toutes les ordonnances et toutes les traditions instituées par les hommes pour réconcilier Dieu et mériter sa grâce, sont contraires à l'Evangile et à la doctrine du salut par la foi en Christ. Voilà pourquoi nous tenons pour inutiles et contraires à l'Evangile les vœux monastiques et autres traditions qui établissent des différences entre les aliments les jours, etc., par lesquelles on croit mériter la grâce et offrir satisfaction pour les péchés.

En ce qui concerne l'Etat et le gouvernement temporel, nous enseignons que toutes les autorités dans le monde, les gouvernements et les lois civiles qui maintiennent l'ordre public, sont des institutions excellentes créées et établies par Dieu. Un chrétien est libre d'exercer les fonctions de magistrat, de souverain, de juge. Il peut sans prononcer des jugements selon les lois impériales et les autres lois en vigueur, punir les malfaiteurs au moyen de l'épée, entreprendre une guerre juste, être soldat, acheter et vendre, prêter serment sur injonction, posséder des biens, contracter mariage, etc. Nous condamnons les Anabaptistes, qui prétendent que toutes ces choses sont contraires à la profession chrétienne. Nous condamnons aussi ceux qui enseignent que « perfection chrétienne » consiste à quitter sa maison femme et enfants, et à renoncer à toutes les choses mentionnées ci-dessus. Alors que la véritable perfection consiste à craindre Dieu et à se confier entièrement en lui. Car l'Evangile n'enseigne pas une conduite ou une justice temporelle et extérieure, mais il insiste sur la vie intérieure, sur la justice du cœur qui est éternelle. Il ne renverse pas le gouvernement civil, ni l'Etat, ni le mariage, mais il veut qu'on observe toutes ces choses, comme de véritables institutions divines ; et il prescrit que l'on mette en pratique la charité chrétienne dans ces états, et que chacun fasse des bonnes œuvres selon sa vocation. Il est donc évident que les chrétiens sont redevables d'obéir aux autorités et aux lois, sauf dans le cas où ils ne peuvent s'y conformer sans pécher. Dans ce cas on doit obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes, Actes 5, 29

Nous enseignons que notre Seigneur Jésus-Christ apparaîtra au dernier jour pour le jugement. Il ressuscitera tous les morts. Aux justes et aux élus il donnera la vie éternelle et la félicité. Quant aux impies et aux démons, il les condamnera à l'Enfer et aux tourments éternels. Nous condamnons donc les Anabaptistes, qui enseignent que pour les damnés et pour les démons les peines et les tourments auront une fin. Nous rejetons aussi certaines doctrines juives, que l'on rencontre aussi actuellement, d'après lesquelles, avant la résurrection des morts, les justes et les pieux détruiront les impies et régneront seuls sur la terre.

En ce qui concerne le Libre Arbitre, nous enseignons ne l'homme possède une certaine liberté de volonté pour mener une vie extérieurement honorable et pour choisir entre les choses accessibles à la raison. Mais sans la grâce, l'assistance et l'opération du Saint-Esprit, il n'est pas possible à l'homme de plaire à Dieu, de le craindre sincèrement et de mettre sa confiance en lui, et d'extirper de son cœur la mauvaise convoitise innée. Ceci n'est possible. que par le Saint-Esprit, qui nous est donné par la Parole. Car saint Paul déclare, 1 Cor. 2, 14 : « L'homme naturel n'accueille point les choses qui sont de l'Esprit de Dieu ».

Et pour qu'on sache bien que nous n'innovons en rien, voici des paroles bien claires prononcées par saint Augustin au sujet du Libre Arbitre (Hypognosticon, Livre 3) : « Nous confessons qu'il y a chez tous les hommes un libre arbitre. Car ils possèdent tous, par nature, la raison et l'intelligence innées. Non pas qu'ils soient capables d'entrer en relation avec Dieu, comme par exemple de l'aimer et de le craindre de tout leur cœur ; mais ce n'est que dans les œuvres extérieures de cette vie qu'ils sont libres de choisir le bien ou le mal. Par le bien, je comprends ce que la nature humaine est capable d'accomplir : par exemple, labourer un champ ou le laisser en friche ; manger, boire, voir un ami, ou ne pas le faire ; se vêtir ou se dévêtir, bâtir, prendre femme, exercer un métier, et faire d'autres choses semblables qui sont bonnes et utiles. Et encore, tout cela ne se fait pas sans Dieu et ne subsiste pas sans lui, puisque c'est de lui et par lui que sont toutes choses. D'autre part, l'homme peut aussi par son propre choix se déterminer pour le mal, comme par exemple se prosterner devant une idole, commettre un meurtre, etc. ».

En ce qui concerne l'origine du péché, voici ce que nous enseignons : Quoique Dieu le Tout-Puissant ait créé et conserve la nature toute entière, c'est cependant la volonté pervertie qui produit le péché dans tous les méchants et les impies. Car telle est la volonté du diable et de tous les impies, qui s'est détournée de Dieu et s'est portée vers le mal du moment que Dieu avait retiré sa main ; c'est ce que dit Jésus-Christ, Jean 8, 44 : « Quand le diable profère le mensonge, il parle de son propre fonds ».

C'est à tort qu'on nous accuse de prohiber les bonnes œuvres. Car les écrits des nôtres sur les Dix Commandements et sur d'autres sujets analogues prouvent qu'ils ont donné des instructions et des exhortations utiles et solides au sujet des divers états chrétiens et de leurs œuvres. Autrefois, les prédicateurs parlaient peu de ces choses ; par contre ils prônaient régulièrement, dans leurs sermons, des niaiseries, des pratiques puériles et vaines, telles que rosaires, cultes des saints, moinerie, pèlerinages, neuvaines, jours fériés, confréries, etc. Aussi nos adversaires ne font-ils plus tant de cas de toutes ces observances inutiles, comme ils le faisaient autrefois; ils ont même appris à parler de la foi, dont autrefois ils ne faisaient jamais mention. Ils vont jusqu'à enseigner maintenant que nous ne sommes pas justifiés devant Dieu uniquement par les œuvres. Ils y joignent la foi en Christ, et disent : La foi et les œuvres nous justifient devant Dieu ; et sans doute, cette doctrine peut offrir déjà plus de consolation que celle qui veut que .l'on mette sa confiance uniquement dans les œuvres.

Or, puisque la doctrine de la Foi - la plus importante du Christianisme - a été si longtemps négligée, comme on est obligé d'en convenir, et que leurs prédicateurs, partout, n'ont guère prêché que le salut par les œuvres : les nôtres ont instruit les fidèles de la façon suivante : Premièrement, nous déclarons que nos œuvres n'ont pas le pouvoir de nous réconcilier avec Dieu ni d'acquérir sa grâce, mais que cela se fait uniquement par la foi : lorsque nous croyons que nos péchés sont pardonnes à cause de Christ qui seul est le Médiateur pour réconcilier le Père avec nous (1 Tim. 2, 5). Celui donc qui s'imagine qu'il peut accomplir cela par ses œuvres, et mériter la grâce, celui-là méprise Christ ; il cherche un chemin à lui pour aller vers Dieu, - chose contraire à l'Evangile. Cette doctrine de la foi est traitée ouvertement et clairement par saint Paul en de nombreux endroits de ses écrits, particulièrement dans l'Epître aux Ephésiens, où il dit (ch. 2, 8) : « Vous êtes sauvés par grâce, par la foi, et cela ne vient pas de vous, c'est un don de Dieu ; non par les œuvres, afin que personne ne se glorifie, etc. ». Et pour prouver que nous ne donnons pas ici une nouvelle interprétation de Paul, nous mentionnons le témoignage de saint Augustin, qui expose souvent ces choses, et qui enseigne aussi que c'est par la foi en Christ, et non par les œuvres, que nous obtenons la grâce et que nous devenons justes devant Dieu, ce que démontre son livre De Spiritu et Litera tout entier. Bien que cette doctrine soit méprisée de ceux qui ignorent les tentations, il est cependant certain qu'elle est éminemment consolante et salutaire pour les consciences inquiètes et terrifiées. Car la conscience ne pourra jamais trouver le repos et la paix par les œuvres, mais uniquement par la foi, dès qu'elle s'assure que nous sommes réconciliés avec Dieu par Christ, comme le dit saint Paul, Rom. 5, 1 : « Etant donc justifiés par la foi, nous avons le repos et la paix avec Dieu ».

Autrefois, cette consolation n'était pas offerte dans les sermons, mais on renvoyait à leurs propres œuvres les pauvres consciences qui, dès lors, se sont lancées dans toutes sortes de pratiques. Il y eut des hommes que leur conscience poussait à se réfugier dans les cloîtres, dans l'espoir d'y acquérir la grâce par la pratique de la vie monastique. On inventa aussi des œuvres inédites pour acquérir la grâce et faire satisfaction pour les péchés. Mais beaucoup d'entre eux ont prouvé que l'on n'obtient pas la paix du cœur par ces moyens. Il était donc urgent de prêcher cette doctrine de la foi en Christ et de l'inculquer avec insistance, pour qu'on sache qu'on ne saisit la grâce divine que par la foi, et sans aucun mérite.

Nous instruisons aussi tout le monde, qu'ici nous ne parlons pas de cette sorte de croyance qu'ont aussi les démons et les impies.. Ceux-ci aussi croient aux faits historiques; ils croient que Christ a souffert et qu'il est ressuscité des morts. Mais nous parlons de la véritable foi, de celle par laquelle nous croyons que par Christ nous recevons la grâce et la rémission des péchés. Quiconque possède cette foi, sait que par Christ il a un Dieu propice, il connaît donc Dieu, il l'invoque, et il n'est pas sans Dieu comme les païens. Car le diable et les incrédules ne croient pas cet article, la rémission des péchés. C'est pourquoi ils sont des ennemis de Dieu incapables de l'invoquer et de s'attendre à quelque chose de bon de sa part. C'est dans ce sens que l'Ecriture parle de la foi. Elle n'appelle pas foi la science que possèdent les démons et les impies. L'Epître aux Hébreux (ch. 11) nous enseigne que la foi n'est pas la simple connaissance des faits historiques, mais la confiance que Dieu nous donne ce qu'il a promis. Saint Augustin nous rappelle que le terme de « Foi » dans les Ecritures signifie la confiance en Dieu, - que Dieu nous est propice, - et qu'il ne désigne pas seulement une connaissance d'ordre historique, que les démons, eux aussi, possèdent.

En second lieu, nous enseignons qu'il est absolument nécessaire que l'on fasse de bonnes œuvres, non pas dans l'intention de s'y fier et de mériter la grâce, mais par amour pour Dieu, et pour sa louange. C'est toujours la foi seule qui saisit la grâce et la rémission des péchés.

Or, puisque par la foi le Saint-Esprit nous est donné, le cœur devient aussi disposé aux bonnes œuvres, et capable de les accomplir. Car auparavant, puisqu'il est sans le Saint-Esprit, le cœur est trop faible : de plus, il est sous le pouvoir du diable, qui pousse 1a misérable nature humaine à des péchés innombrables, comme nous pouvons le constater chez les philosophes, qui se sont fait forts de mener une vie honorable et irréprochable, mais qui n'ont point réussi, puisqu'il est notoire qu'ils sont tombés dans de gros vices. C'est ce qui arrive chez l'homme lorsque, en dehors de la vraie foi, et sans le Saint-Esprit, il se gouverne seul par ses propres forces humaines. Il n'y a donc pas lieu de reprocher à la doctrine de la Foi de défendre les bonnes œuvres. Au contraire, elle est à louer de ce qu'elle apprend à faire de bonnes œuvres, et de ce qu'elle offre précisément le secours nécessaire pour les accomplir. Car en dehors de la foi, et en dehors de Christ, la nature humaine avec son pouvoir, est de beaucoup trop faible pour faire de bonnes œuvres, pour invoquer Dieu, pour avoir patience dans les afflictions, pour aimer son prochain, s'acquitter avec zèle des devoirs de sa vocation, être obéissant, et réprimer les mauvaises convoitises. Ces grandes et véritables bonnes œuvres, on ne saurait les faire sans l'aide de Christ, comme il le dit lui-même, Jean 15, 5 : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire ».

En ce qui concerne l'Invocation des Saints, nous enseignons que l'on doit conserver la mémoire des Saints, afin que notre foi soit affermie lorsque nous constatons comment ils ont obtenu grâce, et comment ils ont été secourus par la foi. De plus, nous devons prendre leurs bonnes œuvres pour exemples, chacun selon sa vocation. Ainsi l'empereur peut, avec une bonne conscience, suivre l'exemple de David lorsqu'il fait la guerre aux Turcs. Ils ont, en effet, été établis rois tous les deux, et cet office les oblige à protéger leurs sujets. Mais on ne saurait prouver par l'Ecriture qu'on doit invoquer les saints ou implorer leur secours. Car il n'y a qu'un seul Réconciliateur et Médiateur entre Dieu et les hommes : Jésus-Christ (1 Tim. 2, 5), qui est l'unique Sauveur, l'unique Souverain-Sacrificateur, Propitiatoire et Intercesseur devant Dieu (Rom. 8, 34) ; et lui seul a promis d'exaucer nos prières. Le culte le plus excellent, selon l'Ecriture, consiste à chercher Christ et à l'invoquer du fond du cœur dans tous nos besoins et dans tous nos soucis. Saint Jean (1 Jean 2, 1) dit ceci : « Si Quelqu'un a péché, nous avons un avocat auprès de Dieu, Jésus le Juste ».

Voilà en somme le résumé de la doctrine que l'on prêche et enseigne dans nos églises, pour une véritable instruction chrétienne et pour la consolation des consciences, et aussi pour encourager les fidèles à amender leur vie. Nous n'avons pas voulu exposer nos âmes et nos consciences au grand et redoutable danger d'encourir le châtiment divin en abusant du nom et de la Parole de Dieu. Nous n'avons pas non plus voulu transmettre à nos enfants et à notre postérité une autre doctrine que celle qui est conforme à la pure Parole de Dieu et à la vérité chrétienne. Puisque notre doctrine est clairement fondée sur les Saintes Ecritures ; puisqu'elle n'est nullement en contradiction avec l'Eglise chrétienne universelle, pas même avec l'Eglise romaine - pour autant qu'on peut le connaître par les écrits des Pères - nous estimons que nos adversaires ne peuvent pas être en désaccord avec nous quant aux articles ci-dessus. Pour cette raison ils agissent donc entièrement sans charité, avec précipitation et contrairement à l'unité chrétienne et à l'amour, ceux qui se sont mis en tête de rejeter les nôtres comme des hérétiques, de les condamner et de s'en tenir à l'écart, et cela sans qu'ils puissent justifier leur conduite par aucun commandement de Dieu ni par aucun témoignage de l'Ecriture Sainte. Car l'aberration et le désaccord portent principalement sur divers abus et certaines traditions. Puisque donc on ne trouvera chez nous aucun article principal qui soit erroné ou destitué de fondement ; puisque cette Confession que nous présentons est une Confession divine et chrétienne : il serait équitable que les évêques se montrassent plus modérés, même s'il se trouvait chez nous un défaut en ce qui concerne la tradition. Cependant nous espérons produire des raisons solides qui nous ont portés à nous écarter de quelques traditions et a corriger certains abus.

 

 

Deuxième Partie:
Articles qui sont contestés et où l'on traite des abus qui ont été corrigés

 

Puisque dans nos églises, en ce qui concerne les articles de la Foi, on n'enseigne rien qui soit contraire à l'Ecriture Sainte ou à l'Eglise chrétienne universelle ; puisqu'on n'a fait que remédier à certains abus qui se sont infiltrés dans l'Eglise au cours des temps, ou qui y furent violemment introduits ; nous sommes donc nécessairement obligés d'exposer ces abus et d'alléguer les raisons qui nous ont déterminés à permettre ces changements. Ainsi Votre Majesté Impériale pourra reconnaître qu'on n'a pas agi en ces matières d'une manière frivole et indigne de chrétiens, mais que nous avons permis ces changements, contraints par le commandement de Dieu, qu'il convient de respecter bien plus que toutes les coutumes traditionnelles.

Accès Partie 2



LA FPMA

REVEIL DANS LE MONDE

Histoire de quelques grands réveils dans le monde

VIDEO - FILM

 

 

Woodlawn est un film américain réalisé par les frères Andrew et Jon Erwin, sorti le aux États-Unis. Le film est basé sur la vie de Tandy Gerelds et Tony Nathan (en)