Chapitre 8
Sola gratia : la portée de la grâce
Nous avons vu que l’homme ne se convertit que par la grâce de Dieu. Les pécheurs qui se convertissent ont été choisis par Dieu avant la fondation du monde. Cependant, l’élection à elle seule ne sauve pas, car les élus doivent encore être rachetés. Il s’agit du but de l’élection: « Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui » (Ep 1.4). Comment allions-nous devenir saints? Par notre rédemption en Jésus-Christ : « Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à l'acquisition du salut par notre Seigneur Jésus-Christ. » (1 Th 5.9). Jésus est venu racheter les hommes que son Père voulait rendre saints. Parlons maintenant de la rédemption particulière.
1. L’expiation définie
Il nous est tragique de constater que tous les êtres humains ne seront pas sauvés à la fin. Jésus nous dit que les impies « iront au châtiment éternel, mais les justes à la vie éternelle » (Mt 25.46). Ceux qui vont au châtiment éternel ne bénéficieront pas de la mort de Christ. Tous devraient être d’accord pour dire qu’ultimement, seuls ceux qui iront à la vie éternelle bénéficieront de la mort de Christ. Il y a donc deux façons d’envisager cette réalité. Ou bien la mort de Christ est limitée dans son efficacité, ou bien elle est limitée dans sa portée.
Pourquoi tous les hommes ne sont-ils pas sauvés par la mort du Christ? Soit que sa mort à elle seule ne sauve pas à moins que l’homme n’y ajoute sa foi. Soit que sa mort n’a pas expié les péchés de tous les hommes. L’expiation est-elle limitée dans son efficacité ou dans sa portée? Une Église non- réformée croit que l’expiation est limitée dans son efficacité : la mort de Christ à elle seule ne sauve personne. Une Église réformée croit que l’expiation est limitée dans sa portée : Christ est mort efficacement pour ses élus. Je développerai deux aspects fondamentaux de l’expiation : sa portée et son efficacité. Mon objectif est de démontrer que l’expiation est définie et efficace.
La portée de l’expiation
La rédemption particulière signifie que Christ n’a pas opéré le salut pour tous les hommes, mais uniquement pour le peuple que Dieu lui a donné avant la fondation du monde.
La première fois que j’ai entendu dire que Christ n’était pas mort pour tous, j’ai cru que cela était impossible. Après avoir examiné la question, j’ai conclu qu’il était impossible qu’il soit mort pour tous si tous ne sont pas sauvés. Voici un raisonnement qui fut proposé par le théologien John Owen1. Pour être sauvé, il faut impérativement que Christ ait expié tous nos péchés. S’il devait y avoir ne serait-ce qu’un péché non expié; nous serions condamnés pour ce péché. Christ a donc expié tous les péchés de tous ceux qui sont sauvés. Maintenant, si Christ a expié tous les péchés de tous les hommes, pourquoi y a-t-il encore des hommes qui sont condamnés? Si tous les péchés de tous les hommes sont expiés, tous les hommes sont donc sauvés. Par contre, l’Écriture nous dit que tous les hommes ne sont pas sauvés. Si Christ est mort pour tous les hommes et que tous les hommes ne sont pas sauvés, Dieu est injuste en condamnant des pécheurs pour lesquels il a condamné Christ.
Ceux qui ne croient pas à la rédemption particulière expliquent ce problème en limitant l’efficacité de l’expiation. Christ est mort pour tous les hommes, disent-ils, mais ceux qui ne croient pas ne bénéficient pas de sa mort... Ne pas croire en Christ est-il un péché? Si oui, pourquoi Dieu condamne- t-il les incrédules puisque Christ est aussi mort pour le péché d’incrédulité? Sinon, pourquoi Dieu les condamne-t-il? Pour garder l’expiation universelle, certains tombent dans l’expiation partielle : Christ a expié tous les péchés de tous les hommes sauf le péché d’incrédulité. Ainsi, tous les hommes peuvent être sauvés s’ils ne sont pas incrédules. Le problème, c’est que beaucoup de croyants ont été incrédules et ont rejeté Christ avant de croire. Comment ont-ils pu être pardonnés pour ce péché si Christ ne l’a pas expié? Si Christ a expié l’incrédulité de ceux qui se repentent et qu’il n’a pas expié l’incrédulité des autres, faut-il conclure que l’expiation, en plus d’être conditionnelle, n’est plus tout à fait universelle?
De plus, cela signifierait que notre rédemption ne vient pas directement du fait que Christ est mort pour nous, mais du fait que nous n’avons pas été incrédules contrairement aux autres... Nous aurions ainsi sujet de nous glorifier. Cette position pose un autre problème : comment aurions-nous pu croire en Christ pour que sa mort devienne effective, alors que nous étions morts dans nos péchés? Vous voyez bien que l’expiation universelle est impossible à maintenir à moins de faire des acrobaties intellectuelles douteuses. La vérité biblique est beaucoup plus simple, si l’on veut bien l’accepter. Tous ne sont pas sauvés parce que Christ n’a pas racheté tous les hommes, mais uniquement les siens.
L’efficacité de l’expiation
Le point le plus important de cet enseignement est celui-ci : si l’expiation est efficace et qu’elle ne sauve pas tous les hommes, elle doit nécessairement être définie. Voici pourquoi. Qu’est-ce que la mort de Jésus-Christ a accompli? Sa mort a-t-elle rendu les pécheurs rachetables ou a-t-elle racheté des pécheurs? Christ a-t-il potentiellement expié des péchés ou a-t-il actuellement expié des péchés? Quels furent les effets de l’œuvre de Jésus-Christ à la croix? D’après Arminius, la mort de Christ ne sauve personne, mais elle rend possible le salut de tout homme. Ce salut devient effectif lorsque l’homme croit. Ainsi, Dieu fournirait le sacrifice et l’homme la foi. Les réformés, quant à eux, croient que la mort de Christ a tout accompli à elle seule. Non seulement sa mort a-t-elle obtenu la rémission des péchés, mais elle a également obtenu le moyen par lequel les élus reçoivent cette rémission, c’est-à-dire la foi. Nous avons déjà vu que la foi est un don de Dieu. Dieu accorde ce don à ceux pour qui Christ l’a payé au Calvaire.
« Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. » (Ep 2.8). Qu’est-ce qui est un don de Dieu, la grâce, la foi ou le fait d’être sauvé? Voici comment O. Palmer Robertson analyse ce passage :
Les mots « grâce » et « foi » sont tous deux féminins, alors que le participe « vous êtes sauvés » est masculin. Mais le pronom « cela » qui est « le don de Dieu » est neutre, ce qui signifie qu’il ne peut pas se référer spécifiquement à la « grâce », à la « foi », ou au « salut ». Si « cela » se réfère soit à la « grâce », à la « foi », ou au « salut », il faut alors conclure qu’au moins une de ces choses n’est pas incluse dans le don de Dieu. Mais « cela » inclut tous ces éléments. La « grâce », la « foi », et le « salut » sont « le don de Dieu ». Notre salut fut accompli par la mort de Christ, et notre foi fut acquise avec son sang2.
Nous croyons donc que la mort de Christ a entièrement et efficacement accompli le salut de tous ceux pour lesquels il est mort. Christ n’a pas fourni le sacrifice et nous la foi; mais le don de Dieu inclut la foi qui fut acquise par le sacrifice. Rien ne peut être ajouté au sacrifice de Christ. En expirant, Jésus dit : « Tout est accompli ». Son sacrifice est complet, suffisant et définitif. Il garantit à lui seul le salut de tous ceux qui sont sauvés. Le salut ne fut pas rendu possible, mais il fut accompli, une fois accompli, il ne restait qu’à l’appliquer. Si seulement les chrétiens comprenaient que la puissance pour mettre fin à tout péché se trouve dans la mort de Christ...
La mort de Jésus produit quelque chose, elle rachète, elle rend Dieu propice (accomplit la propitiation). Jésus a-t-il racheté efficacement tous les hommes? A-t-il apaisé la colère de Dieu pour chaque individu dans le monde? S’il avait racheté tous les hommes, tous les hommes lui appartiendraient. Imaginez que vous avez une grosse dette à la banque. Par testament, votre père paie en entier votre dette avec sa fortune. La banque pourrait-elle ne pas annuler votre dette? Impossible! Une dette ne peut être payée légalement qu’une fois. Christ pourrait-il avoir racheté des hommes et que finalement ceux-ci ne lui appartiennent pas? Cela est radicalement impossible! Sinon cela voudrait dire que Christ est mort sans que cela n’ait eu d’effet; ce qui est antibiblique.
Voyez-vous maintenant comment l’arminianisme conçoit la mort de Christ? D’après cette conception Christ n’a racheté aucun homme, mais il a simplement rendu l’homme rachetable. Ainsi, la mort de Christ pour tous aurait pu ne sauver personne. En fait, d’après la conception arminienne, la mort de Christ ne sauve personne puisque nous nous sauverions nous-mêmes grâce à notre foi. Le sacrilège de l’arminianisme consiste à altérer la nature de l’expiation en l’émasculant de son efficacité. Je comprends que l’on puisse trouver noble le motif qui consiste à inclure les péchés de tous les hommes dans l’expiation, mais aucun motif qui redéfinit l’Évangile et fausse les données bibliques ne peut être noble. La Parole de Dieu enseigne clairement que Christ est mort efficacement pour les élus.
2. L’expiation définie dans la Bible
Regardons quelques affirmations explicites de la Bible concernant l’expiation définie. L’Évangile commence avec la bonne nouvelle qu’un ange annonce à Joseph : « elle [Marie] enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus; c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » (Mt 1.21). Dans ce verset, l’expiation est envisagée comme définie et efficace et non comme générale et potentielle. Il est intéressant de constater que les trois évangiles qui rapportent l’institution du repas du Seigneur présentent la mort de Christ pour une totalité d’hommes et non pour tous les hommes (Mt 26.28 ; Mc 14.24 ; Lc 22.19-20) : « ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés ». Il en va de même avec le texte d’Ésaïe 53 qui annonce la mort du Messie à venir:
8 qui a cru Qu'il était retranché de la terre des vivants Et frappé pour les péchés de mon peuple? (...) 11 Par sa connaissance mon serviteur juste justifiera beaucoup d'hommes, Et il se chargera de leurs iniquités. 12 (...) Parce qu'il a porté les péchés de beaucoup d'hommes, Et qu'il a intercédé pour les coupables. (Es 53.8, 11-12)
L’Épître aux Hébreux cherche à démontrer que Christ est le vrai souverain sacrificateur qui a accompli efficacement et définitivement le vrai sacrifice de rédemption. Les sacrifices lévitiques, qui étaient des types du sacrifice de Christ, étaient tous définis. Lorsque le souverain sacrificateur, une fois l’an, entrait dans le Saint des saints pour faire l’expiation des péchés du peuple, il portait le pectoral du jugement. Sur ce pectoral étaient inscrits le nom des tribus d’Israël afin de représenter un peuple précis devant Dieu : « Lorsque Aaron entrera dans le sanctuaire, il portera sur son cœur les noms des fils d'Israël, gravés sur le pectoral du jugement, pour en conserver à toujours le souvenir devant l'Éternel. » (Ex 28.29).
Ceci représentait l’œuvre que Christ accomplirait pour ses frères. Dans l’Évangile de Jean nous retrouvons la prière de consécration sacerdotale que Jésus offrit en vue de sa passion. Jésus ne pria que pour ceux envers qui son sacrifice était destiné : « J'ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du monde. Ils étaient à toi, et tu me les as donnés (...) C'est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi. »
(Jn 17.6, 9). Réalisez, mes frères et mes sœurs, que Christ nous portait sur son cœur spécifiquement lorsqu’il s’offrit en sacrifice. Il s’est substitué pour nous parce qu’il nous aimait et qu’il désirait qu’aucun de ceux que le Père lui avait donnés ne se perde.
Ce don du Père au Fils est le fondement de la rédemption. Jésus donne sa vie pour ses brebis (Jn 10.15), ses brebis lui ont été données par son Père (Jn 10.29). Jésus est venu expressément pour faire la volonté du Père, sa volonté « c’est que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. » (Jn 6.39). La rédemption vient de ce que le Père a confié au Fils le rachat de ses élus. Ainsi, Jésus affirme : « Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire; et je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn 6.44). Jésus peut déclarer avec assurance : « Tous ceux que le Père me donne viendront à moi » (Jn 6.37). Roger Nicole constate avec raison que la rédemption doit refléter l’unité trinitaire :
Comment Christ pourrait-il avoir l’intention de mourir pour ceux que le Père ne lui a pas donnés, et que le Saint-Esprit ne régénèrera pas? L’unité et l’harmonie dans l’articulation trinitaire du plan divin exigent une rédemption qui soit exactement co- extensive avec l’élection d’un côté et l’application efficace de l’autre. On peut difficilement exagérer l’importance de ce point3.
Il en va de même dans les épîtres pauliniennes. Paul présente l’œuvre de rédemption comme une œuvre efficace en elle-même, destinée exclusivement à l’Église. Par exemple nous lisons :
25 Maris, aimez vos femmes, comme Christ a aimé l'Église, et s'est livré lui-même pour elle, 26 afin de la sanctifier par la parole, après l'avoir purifiée par le baptême d'eau, 27 afin de faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irrépréhensible. (Ep 5.25-27)
Christ s’est-il livré ainsi pour le monde, l’a-t-il purifié, l’a-t-il fait paraître devant lui irrépréhensible? Christ a agi ainsi uniquement pour son Église. Son Église est séparée du monde parce qu’elle a été mise à part avant la fondation du monde et rachetée en temps voulu. Les apôtres déclarent plusieurs fois aux croyants qu’ils forment un peuple acquis, c'est-à-dire pour lequel Dieu a payé (Ac 20.28 ; Ep 1.14 ; 1 P 2.9). La mort de Christ fut le paiement de cette acquisition qui inclut une totalité d’hommes. Nous voyons cette même idée dans l’Apocalypse : « Tu es digne de prendre le livre, et d'en ouvrir les sceaux; car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation; tu as fait d'eux un royaume et des sacrificateurs » (Ap 5.9-10). Le texte ne dit pas que Christ a racheté toutes les tribus, langues et nations, mais que le peuple choisi par Dieu et racheté par Christ vient de toute tribu, langue et nation.
Réponses aux objections
Avant d’être exposé aux doctrines de la grâce, je n’avais pas remarqué la rédemption particulière dans les pages de la Bible. Non qu’elle n’y était pas, mais on m’avait enseigné le contraire; je ne la soupçonnais donc pas. Spurgeon raconte qu’un homme vint s’opposer à l’une de ses prédications sur l’élection en lui disant : « J’ai lu la Bible à genoux plusieurs fois et je n’ai jamais vu cette idée de prédestination. » « Eh bien! mon cher monsieur, lui répondit Spurgeon, je crois qu’il serait temps que vous lisiez la Bible dans une position plus confortable; vous commenceriez peut-être à la comprendre. »
J’aimerais expliquer brièvement quelques textes, non pas pour essayer de convaincre ceux qui ne veulent pas comprendre, mais pour donner des éclaircissements à ceux qui s’interrogent sincèrement. Comment faut-il comprendre les textes suivants?
1. « Il est lui-même une victime expiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier. » (1 Jn 2.2) Imaginez que vous deviez expliquer à des Juifs xénophobes que le salut n’est pas destiné à la nation juive seulement, mais à toutes les nations du monde aussi impures soient-elles. Comment diriez-vous cela? Exactement comme Jean! En disant que Jésus a expié les péchés du monde entier, Jean veut simplement dire que les païens aussi font partie du peuple racheté. Le mot monde est employé de façon générique : Christ est mort pour le genre humain et non pour une ethnie particulière.
2. « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. » (Jn 3.16) Christ est mort pour que quiconque ait la vie éternelle. Par contre, le « quiconque », pour lequel Christ est mort, est défini, il s’agit de « quiconque croit ». C’est exactement ce que disent les réformés : Christ est mort pour les croyants. Et si les croyants croient, c’est parce que Christ est mort pour eux; il s’agit d’un des premiers effets de sa mort : elle donne la foi à ses brebis.
3. « J'exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté. Cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (1 Tm 2.1-4) Paul dit de prier pour les rois, les personnes élevées et tout homme, car Dieu veut sauver toute sorte d’hommes parmi ceux qui composent la société. Aucune catégorie d’hommes n’est exclue, nous devons donc prier pour tous. De plus, en priant pour les autorités, nos prières ont un effet bénéfique sur toute la société et permettent l’avancement du royaume de Dieu.
4. « Le Seigneur ne tarde pas dans l'accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu'aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance. » (2 P 3.9) Remarquez que Pierre précise qui sont ceux que Dieu ne veut pas voir périr, ceux pour lesquels il diffère l’accomplissement de sa promesse. Il dit : « Dieu use de patience envers vous ». Qui est ce « vous » sinon ceux à qui ses épîtres sont destinées? Pierre écrit à ceux « qui sont élus selon la prescience de Dieu le Père (...) afin qu'ils deviennent obéissants, et qu'ils participent à l'aspersion du sang de Jésus-Christ » (1 P 1.2). Loin de nier la rédemption particulière, ce passage affirme que le jugement final n’arrivera pas que tous les élus n’aient cru et participé à l’aspersion du sang de Jésus-Christ. Pierre leur écrit spécifiquement dans ce but, afin de produire leur conversion.
5. Finalement, il y a les passages affirmant que Christ est mort pour tous (Rm 8.32 ; 2 Co 5.14 ; Hé 2.9). Notez que dans tous ces passages le mot « tous » représente une totalité. Prenons seulement 2 Corinthiens 5.14-15 : « l'amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que, si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts; et qu'il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » Ce texte dit bien que Christ est mort pour tous, mais il dit que tous ceux pour qui il est mort sont morts avec lui et que tous ceux-là vivent désormais pour lui. Le « tous » représente la totalité des élus pour lesquels Christ a versé son sang. C’est ainsi que nous reconnaissons nos frères : ils ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Christ. Comment notre vie pourrait-elle ne pas être totalement bouleversée lorsque nous comprenons qu’il nous a personnellement aimés et qu’il est mort efficacement pour nous? Les rachetés du Seigneur vivent pour le Seigneur!
Lecture supplémentaire : Jn 10.11-18, 24-30
1 On retrouve cet argument d’Owen dans The Death of Death in the Death of Christ, Works, Vol. X, p. 173, 4.
2 O. Palmer Robertson, « Definite Atonement », After Darkness, Light, Philipsburg, P&R, 2003, p. 109.
3 Roger Nicole, « The Atonement in Reformed Theology », Bulletin of the Evangelical Theological Society, Vol. 10, No 4, Fall, 1967, p. 204.